— what. the. fuck. —

Dès qu’il avait entendu l’alarme, il avait filé. En profitant du fait d’avoir un speeder, certes. Mais le plaisir n’allait pas durer, n’est-ce pas ? Déjà, il ne pensait pas pouvoir joindre le secteur A avec sans se faire flécher à vue ; quoiqu’avec les circonstances exceptionnelles, là, il ne savait pas trop ; mais on n’est jamais trop prudent.
Non, le pire, c’était vraiment que comme un idiot il avait décidé de prendre la destination la plus improbable en se disant que comme les monstres allaient vers les habitations, il aurait la paix dans le désert…

… Euh. Fail ?

Il était aussitôt reparti dans l’autre sens sans plus tarder.

D’ailleurs, là, il essaie de quitter ce foutu désert qui n’en finit pas d’être là, sablé, chaud et atrocement énervant. Et le speeder ne tiendra pas la route très longtemps encore. Lui, il se traite de parfait abruti en se disant qu’il aurait mieux fait de rester chez lui et pas d’aller au circuit, et qu’au moins, il aurait pu s’enfermer dans une pièce sans fenêtre pour flipper tranquillement loin de tout, en espérant retrouver au moins sa chambre en bon état à la fin de l’invasion.

Donc à moins qu’il ne croise quelqu’un, il risque pas de s’arrêter.
Vaudrait mieux, non ?

Harmony décocha un coup de pied rageur dans le landspeed fumant. Foutue machine. Bonne à rien. On risque sa peau pour la sauver et elle elle vous lâche en plein désert, à près de quatre heure du matin, quand le soleil cuisant va pas tarder et qu'en plus on a une horde de monstres aux basques. Merci bien surtout. Sans faire attention à Oblivion qui tentait de réparer – à nouveau – l'engin, la jeune femme monta sur une dune proche pour jauger la distance qu'elles avaient parcouru et celle qui leur restait encore à faire. La bonne nouvelle, c'est que les créatures étaient loin. La mauvaise, c'est que le village aussi. Il allait falloir marcher. Heureusement les étoiles étaient encore là pour les guider et en bonne boussole-humaine Harmony savait parfaitement comment ne pas se perdre dans cette étendue sablonneuse. Bon, allez, en route.

Elles marchaient depuis une bonne demi-heure quand le bruit se fit entendre. Harmony dégaina Henri aussitôt, fonçant s’aplatir sur la dune la plus proche pour vois ce qui arrivait. Un landspeed. Non, mieux encore, un speed. Qu'est ce qu'un pilote pourrait bien faire dans le coin ? Franchement, elle s'en fichait comme de sa première chaussette. En temps normal elle serait restée cachée là et aurait patiemment attendu qu'il disparaisse au loin, mais elle avait pas le temps pour ça aujourd'hui. Se dressant sur ses deux jambes, elle agita Henri au dessus de sa tête dans l'espoir que le type les aperçoive. Avant de les écraser.


« Tu devrais pas rester dans le coin, je sais pas si t'es au courant mais 'y a des monstres par ici. »

Mieux valait l'informer au cas où. Se détournant, elle pointa une direction au loin.

« On va à la ville. Tu viens avec nous ? »

— oh, no —

En parlant de quelqu’un, d’ailleurs…
Voilà deux personnes. En tout cas, il les aperçoit de loin, et vu la vitesse à laquelle il va, elles se rapprochent très vite. Enfin. Illusion d’optique, quoi. Une des deux silhouettes agite quelque chose. Si l’espoir est celui d’être remarqué, c’est réussi. Il se déporte de quelques trois mètres sur leur gauche et ralentit, freinant juste à côté.

Des monstres, hein ? Sans blague. Ça le fait ricaner nerveusement, il passe sa manche sur les verres de ses lunettes pour y voir plus clair.

« A ton avis, pourquoi j’me barre ? »

Toujours aussi aimable. Et c’est là seulement qu’il remarque Oblivion. Il marmonne un « bon sang mais c’est pas vrai » totalement inconscient et quasi inaudible. Ce n’est ni contre Obli ni contre l’autre jeune femme mais…
… comment dire ? Si elles comptent aller en ville, c’est pas avec un landspeeder en rade que ça va se faire. Il soupire.

« … OK. Je peux en emmener qu’une seule de vous, par contre. »

… Soyons réalistes.

Le type freine, s'arrête. Ses lunettes lui donne un air louche mais doivent sans doute être pratiques pour se protéger du sable du désert. Après les avoir informées qu'il était au courant pour les monstres il les jauge un moment du regard. Ses yeux, cachés par les verres poussiéreux, passent de Oblivion renfrognée – et peut être encore un peu sous le choc – à Harmony déterminée et prête à en découdre. Qu'est ce qu'il regarde comme ça à la fin ?

« … OK. Je peux en emmener qu’une seule de vous, par contre. »

C'était donc pour ça. Franchement, elle ne voyait pas trop où était le problème. C'était logique qu'il n'allait pouvoir prendre qu'une personne et en l'arrêtant elle n'espérait pas vraiment grimper à trois sur son speed. Elle pensait l'informer et... en fait elle n'avait pas réfléchi plus loin que ça. Parfois, Harmony était la pire des écervelés. Mais bon, là n'était pas la question actuellement.

« Harmony est plus importante. Je peux rester derrière, marcher. Ou bien j'essaie de sauver mon land. »

Pour le coup, elle haussa un sourcil perplexe. Sérieusement ? Importante ? En quoi ? Est-ce qu'elle pensait vraiment qu'elle allait pouvoir se sacrifier de la sorte ?

« Négatif. »

Les bras croisés sur la poitrine, le visage impassible et fermé, Harmony fixa les deux jeunes gens face à elle.

« Vous deux grimpez sur le speed et barrez-vous direct vers le secteur B. Moi je peux survivre à ce qui nous course, pas vous. Je vais juste courir jusqu'à la ville, ça ira. Salut. »

Et elle se détourna vers sa direction, sans un mot de plus. Ça faisait un peu carrément hautain. Mais elle était comme ça, Harmo.

— ... oh, okay —

Ni l’une ni l’autre n’ont l’air enchantées mais… il s’en fout. Un peu totalement, d’ailleurs, qu’il s’en fout. Tout ce qu’il veut c’est se barrer d’ici vite fait avant que les monstres ne se rapprochent de trop pour qu’ils puissent leur échapper. Non. Franchement. S’il veut mourir il a d’autres moyens pour le faire.

Il écoute leur simili-conversation avant de regarder machinalement à sa droite, puis à sa gauche, sans bouger la tête. Puis il se remet à les fixer. S’il n’avait pas ses lunettes sur la figure, il aurait l’air blasé.

« Bon, décidez-vous. J’ai qu’une seule place, je sais, c’est salaud, mais j’ai pas non plus envie d’attendre nos chers amis les monstres ici. »

Il n’ajoute pas que si elles le veulent, il peut encore partir de son côté et les laisser là. Mais il ne le fait pas.

« … Alors ? »

Pas qu’il soit impatient. A la limite, si elles veulent se disputer ici il les laissera faire. … Mais bon. Comme il l’a dit, les monstres sont hors de leur belle cage et il n’est pas dans ses principales idées de les attendre ici gentiment.

— damn it ! —

Comment on dit, déjà ? Trop tard, non ?
Non. Pas assez dramatique. C’est là toute la question. Comment on dit dans ce genre de situations pour ne pas avoir l’air blasé, je m’en foutiste ou totalement paniqué ?
C’est la grande question. Comment on dit, comment on fait… ? Hého ?

Il a parlé de monstre, eh bien en voilà un…

« Bordel de… ! »

Ah voilà. On dit « oh putain bordel de merde NON PAS ÇA ! »

Son premier réflexe c’est de décaler la béquille du speeder pour faire un détour et s’en aller rapidement puis il se rappelle qu’il y a Oblivion et une autre jeune fille à côté.
Il les regarde.

« Dépêchez-vous bordel ! Si vous vous décidez pas je me barre ! »

On appelle ça l’instinct de survie.
Oui, Light en a un. Aussi étonnant que ça puisse paraître…

HRP : Je réponds parce que... voilà. : DDD

Se décider ? Mais il n'y avait rien à décider. Harmony avait décidé que Oblivion partirai avec le conducteur de speed, un point c'est tout. Pourquoi ils étaient encore là d'ailleurs ? Il allait falloir qu'elle leurs botte les fesses pour qu'ils se décident à démarrer ? Et puis un frisson un peu trop familier à son goût lui parcours la nuque. Et merde.

Le montre est déjà là, il les entoure de son manteau vaporeux. Elle ne pensait pas qu'il irait si vite, à moins que c'en soit un autre ? Elle n'en a aucune idée et elle s'en balance un peu là tout de suite. Ce qui compte, c'est que ce connard est bel et bien là. Et qu'elle n'a même pas réussi à mettre les deux autres en sécurité. Quelle meeerde.

À côté d'elle, Obli fouille d'une main hasardeuse dans sa besace. Elle en sort sa lampe. Qu'est ce qu'elle compte faire exactement ? Elles ont déjà dû affronter ce monstre tout à l'heure et elles n'ont rien pu faire sinon fuir. Fuir pour sauver leurs peau. Pense-t-elle sérieusement que cette fois ce sera différent ?

« Harmony, monte sur le speed. »

La dite Harmony l'attrapa par le col et la balança sans aucun ménagement sur le speed, derrière l'inconnu. Non mais, comme si elle allait laisser une fillette lui dicter sa conduite.

« Écoute, tu es blessée. Ce monstre est trop fort pour toi. File te claquemurer en sécurité.

Puis se tournant vers le conducteur elle ajouta :

_ Fonce aussi vite que tu peux. Si tu hésites une seconde de plus on sera encerclés et tu pourras plus t'échapper. Alors si tu veux vivre, dégage. Maintenant. »

— goodbye —

Pour une fois, il est bien d’accord.
Il laisse donc l’inconnue installer Obli et lui dire de filer. Il hoche la tête une brève fois avant de faire un demi-tour sec. Ça va faire un détour mais au moins il aura la possibilité d’échapper au monstre. Et s’il compte se retourner ? Bien sûr que non. Faut pas rêver non plus.

« Meurs pas ! »

Il dit ça comme ça tout en s’assurant qu’Oblivion ne risque pas de tomber, et l’instant d’après il est parti. Le sable revient se coller aux verres de ses lunettes de protection, il s’en fout. Il s’éloigne le plus possible avant de reprendre le chemin vers la ville du secteur C. Il ne sait pas pourquoi mais il se demande si l’anonyme s’en sortira. Il ne sait pas.
D’habitude, il ne pense tout simplement pas à ça.

Là, il a la tête à autre chose. Parce que le monstre est encore là, pas loin. Il a l’impression de l’entendre. Ses mains se crispent un peu plus sur le guidon du speeder. Ne pas céder, ne pas céder…
Ne pas céder. Pour ne pas se planter. Il retient sa respiration.

Il veut s’éloigner. Juste s’éloigner… bordel !

Ça l’énerve. Ça l’énerve et il accélère encore un peu.

Et puis finalement il se sent hors de portée.
Il soupire, ferme les yeux puis se reconcentre sur le sable du désert.
Il a même oublié qu’Oblivion doit se cramponner pour ne pas tomber. Lui, il a l’habitude, pas vrai ?

Du moment qu’il est loin, il s’en fout. La ville apparaîtra bientôt de toute manière.
Pour l'instant, pas vrai... ?

— shaping up —

Ça fait mal.
C’est tout ce qui lui vient à l’esprit. Ça fait mal. Tout le long de la balafre à son bras. Comme quand elle n’était pas encore cicatrisée. Par vagues. Comme une brûlure, des picotements aigus. C’est juste insupportable.
Il n’a pas le temps de réaliser qu’il est déjà plus ou moins inconscient.

Foutu monstre.
Foutu désert.
Foutu bug à la con.

Mais pourquoi il n’était pas resté chez lui ? Pourquoi… pourquoi a-t-il fallu qu’il décide d’aller jusque dans le désert ?
… Pourquoi a-t-il fallu qu’il s’inquiète autant pour elle ?

Et puis c’est comme s’il revenait.
C’est comme. Ça l’est pas. Ou en tout cas ça n’y ressemble pas. Il n’en sait rien. Il ne se focalise pas dessus.

Il veut juste que ça arrête de faire mal.
Qu’il soit dans le désert pour le moment il n’en a rien à cirer. Il a juste envie que les vagues de douleur s’arrêtent. Il ne veut pas se planter. Il ne peut pas se planter ! Pas lui… ! Après tout ce temps passé sur les pistes, il ne peut pas, c’est pas possible…

Il se demande où il est.
Il n’a quand même pas pu se planter…

Pour une fois quelqu'un lui obéit dans cette foutue équipe, c'était pas trop tôt. Sans demander son reste et avec un bref hochement de tête, le garçon fit pivoter son bolide et fonça dans la seule ouverture encore présente.

« Meurs pas ! »

Harmony sourit, avec ce sourire carnassier que seuls les gens habitués aux combats peuvent avoir. Elle n'en avait pas l'intention. Seulement voilà, le monstre semblait avoir d'autres plans. Plutôt que de s'acharner sur elle, proie seule et relativement sans défense, il détourna son attention sur les deux fuyards. Non non non non. Elle s'était pas faite chier à les faire détaler pour que ce gros tas de vapeur les poursuive ! Henri en joue, elle tira. Une fois. Deux fois. Elle ne pensait pas vraiment le blesser – leur précédente rencontre l'avait éduquée sur ce point – mais au moins le distraire. Faire en sorte qui se concentre sur elle le temps que les deux autres soient à l'abri. Peine perdue. Harmony se mis à courir.

Heureusement – ou malheureusement – ils n'avaient pas eu le temps d'aller bien loin avant de la créature ne les rattrape. Étudiant rapidement la situation, Harmo nota que le garçon était coincé tout la haut, dans les griffes de la bête, pendant qu'Obli tentait de l'en sortir à l'aide de son objet. C'était un bon plan, vues les circonstances. Ça pouvait marcher. Une nouvelle fois, elle dégaina Henri. Réfléchis, réfléchis, si il peut le tenir c'est qu'il est solide à cet endroit là. Tu peux le blesser. La voix du monstre résonne, gutturale, mais elle n'y fait pas attention. Elle tire.

« Prends toi ça, connard ! »

— i'm waking up —

Il n’a pas le temps de s’en rendre compte qu’il revient sur le sable du désert. Le monstre l’a lâché, apparemment. … Enfin. Apparemment, oui. Puisqu’il vient de heurter le sol et qu’il y reste, totalement sonné, en attendant que les différents plans flous que sa vision s’amuse à créer ne se rassemblent pour former un paysage net.
Le monstre change d’apparence, ou il rêve ?

La cicatrice à son bras lui fait un peu moins mal qu’avant. Là, il essaie surtout de reprendre ses esprits, de se relever et de partir. De partir vite et loin. Il n’a plus que ça envie de rester là. Il a eu son compte.
Il prend appui sur ses mains pour se relever un peu et secoue la tête en clignant des yeux. C’est toujours un peu flou et il a l’impression d’être passé sous un landspeeder, mais à part ça, il va plutôt bien.

En parlant de landspeeder, voire de speeder tout court…

« … bordel de… »

La présence d’Oblivion lui revient en tête avec l’effet d’une gifle. Il se relève d’un seul coup, se foutant bien de se rétamer par terre une seconde fois ; si ça doit arriver, ça arrivera ; et cherche la mécanicienne des yeux.
Et le speeder, par la même occasion.

Raté.
Il retombe.

Ça l’énerve. Il a les nerfs à fleur de peau et envie de massacrer le monstre quitte à y passer. Son poing d’abat sur le sable.

« … qu’ils crèvent. Tous. »

Le monstre lâche le conducteur, dont elle ignore toujours le nom, qui vient s'écraser dans le sable du désert. Mais c'est pas grave, il est mieux là qu'entre ses griffes brumeuses. Pendant quelques brèves secondes, Harmony est contente. Contente d'avoir pu libérer ce garçon de l'emprise de cette chose. Mais sa joie est de courte durée. Le nuage noir se mouve en silence, menaçant, se concentre, son attention lui hérisse les poils de la nuque. Elle a juste le temps d'espérer qu'Obli attrape le type et qu'ils fuient loin avant que la bête ne s'abatte sur elle.

« Et toi Harmony, de quoi as-tu peur ? »

Elle se pétrifie sur place. Elle aurait aimé réagir, lui envoyer une réplique cinglante au visage, mais rien ne sort. C'est comme si le monstre s'insinuait dans son esprit avec sa langue fourchue et vaporeuse. Et toi Harmony, de quoi as-tu peur ? La vérité, c'est pour son frère qu'elle a peur. Chaque jour qui passe elle a peur pour lui. Peur de ce qu'il peut bien faire, là bas, IRL, sans elle pour veiller sur lui. Elle a peur pour lui mais elle ne s'en souvient pas. Sa mémoire la fuit avec dévotion et les détails de sa vie passée se font de plus en plus flous chaque jour. Et si Alice avait raison ? Et si elle se l'était vraiment inventé, ce frère dont elle ne se souvient ni du nom, ni du visage ? Harmony secoue la tête, tente de se ressaisir. Ce n'est qu'un putain de monstre à la con qui la fait douter, elle doit rester forte, plus forte que lui. Quand elle rouvre les yeux, Alice lui fait face.

Une partie de son cerveau sait que c'est une illusion. Que ferait la reine là après tout, seule, sans son fidèle majordome ? L'autre partie rêve que ce soit vrai. Cette partie là rêve de lui sauter dessus, de lui briser le nez et la mâchoire avec la crosse de Henri, lui casser les membres à coups de pieds. La faire souffrir. Souffrir comme elle a dû faire souffrir Zelda. Tétanisée, un bref rayon lumineux vient se loger dans sa pupille. Oblivion est là, derrière la reine. Non, pas la reine, la créature ayant pris son apparence. Il faut qu'elle parte d'ici, qu'elle se soustraie au regard de cette bête qui la fait douter. Avec un cri de rage, Harmony court vers Alice, tente de la saisir au corps et ne fait que lui passer au travers. Allongée dans la poussière, elle échange un bref regard avec Obli.

« Court. »

— i'd have myself to blame —

Un contact bref sur son bras lui fait tourner la tête, et accessoirement, sursauter. Il soupire en silence en se rendant compte que ce n’est qu’Oblivion. Ne pas faire de bruit. Bonne idée, tiens. Pour une fois il hoche la tête et la regarde s’avancer sans émettre quelque objection que ce soit.
Il attend d’être sûr qu’elle ne se retournera pas pour se relever en douceur, tâchant toujours de faire le moins de bruit possible pour atteindre le speeder et le relever.

De ce côté-là, ça va. Il y voit toujours un peu flou et il aura quelques hématomes en plus, mais si c’est le prix à payer pour sa connerie et pour pouvoir s’enfuir, il n’en a plus rien à cirer. Il jette un coup d’œil à la mécanicienne et à la jeune femme.
Le monstre a pris l’apparence de quelqu’un qu’il ne peut pas voir, même pas en peinture.
Alice.

Ça l’énerve encore un peu plus mais il se force à rester calme et à écouter ce qu’il se passe autour de lui. Il ignore au mieux le monstre et attend qu’Oblivion se retourne pour lui faire signe de revenir sur le speeder pour s’en aller.
Il se mord la lèvre en se disant qu’il ne pense pas une seule seconde à l'opinion ou à la décision de la blessée du groupe.

J’suis qu’un pauvre con, décidément…

La question qui lui vient à l’esprit ce moment-là est : comment faire ?
Ils sont trois, ils ont un speeder, il y a une blessée. A moins d’abandonner quelqu’un en route, ils ne s’en sortiront pas.
Ou pas vivants.

Il se mord un peu plus la lèvre.

Foutu bug.
Foutu désert.
Foutus monstre, foutue Alice.

— we lose it all the same —

Il a doucement relevé le speeder, sans faire de bruit, et a attendu. Il a attendu qu’Oblivion ou l’autre jeune fille, une des deux, n’importe laquelle, ne bouge. Puis il s’est installé sur le speeder et a recalé ses lunettes sur ses yeux. Quand il s’était écrasé sur le sol, elles avaient bougé.
Il essaie de ne pas faire attention à la blessure d’Oblivion quand elle revient vers lui. Il essaie de ne pas y faire attention pour ne pas poser de question, en sachant que ce n’est pas le moment, et qu’il ne pourra de toute manière pas s’empêcher d’être sarcastique à cet égard.

En revanche il l’écoute attentivement, sans noter le ton saccadé qu’elle emploie. Le bandage qu’elle a à la cuisse est plus ou moins teinté de rouge, et ça ne lui dit rien qui vaille à lui non plus. Mais il se passe de commentaire et cherche un moyen de s’en aller rapidement sans trop attirer l’attention du monstre.
Il attend une ouverture de la part du monstre pour se barrer en vitesse.

Dès qu’il la voit, il lève son pied du sol et démarre en profitant de la faible brèche pour prendre la direction du secteur A, à presque pleine vitesse. Il jette un dernier coup d’œil derrière lui pour s’assurer qu’Oblivion ne l’a pas lâché, que le monstre ne les suit pas.
Puis il se concentre de nouveau sur le sable du désert en espérant atteindre rapidement ne serait-ce que le secteur B.

Rien que ça, il trouve que ce serait un miracle.
Il se mord la lèvre et accélère encore un peu, les yeux rivés quelque part sur l’horizon noir.

« … bug à la con. »

Et c'est fini ! /o/