— baby take my hand —

Morte de peur.
Terrée dans un coin de ruelle, cachée par tout ce qui s’y trouvait. Morte de peur elle reste là, sans bouger, sans rien dire, osant à peine respirer. Elle a envie de chanter mais elle ne peut pas chanter sinon elle se fera repérer. Bon sang, mais c’est quoi ce bug ? Elle a déserté le bordel sitôt l’alarme lancée mais maintenant ? Mais maintenant la voilà là, cachée, terrée, recroquevillée sur elle-même à prier que personne ne la trouvera.

Elle a peur, Radioactive, elle a peur.
Elle n’est pas chez elle et elle a peur.

Elle plaque une main sur sa bouche pour s’empêcher de chanter. Elle se dit que les monstres sont là, dehors et que sa cachette est encore la plus sûre qu’elle ait pu se trouver en sortant à la va-vite de ce foutu bordel où elle travaille.

Mais elle a peur, elle a peur, Radioactive.
Elle veut que ça s’arrête, elle veut que tout redevienne comme avant, que les monstres disparaissent. elle ne veut plus avoir peur.

Foutue alarme, foutu bug.
La petite brunette était repartie lancer des paris sur les courses de speeders, une mauvaise habitude qui ravivait sa flamme de cupidité, brûlant d'un feu si fort qu'il la poussait à parier beaucoup d'argent. Fort heureusement, aujourd'hui, elle n'avait rien perdue. Mais elle n'avait rien gagnée non plus. En temps normal, dans ce genre de situation Winter serait partie libérer sa colère dans un bar ; c'était bien plus facile de provoquer des bagares dans le secteur C que chez elle, surtout lorsqu'elle n'était pas accompagnée. Mais là, ce n'était visiblement pas le moment.

Non, actuellement, il fallait surtout rentrer vite fait à la maison, s'éloigner le plus vite possible de cet endroit miteux et dégueulasse, avant qu'il ne le devienne encore pire. D'où sortaient ces monstres ? C'était juste un bug du jeu ou simplement encore cette histoire de révolte ?

Winter se précipitait, avec pour seul désir de rentrer chez elle. A la recherche de son landspeeder, entendant à droite et à gauche les ressentis des gens, persuadé que leur fin était proche. Avant de continuer son chemin, une personne attira son attention ; probablement la personne la plus effrayée que Winter n'avait plus vue depuis plusieurs mois. En temps normal, elle aurait fait une cible de choix pour Winter et ses amies ; la terreur se dessinait sur son visage, quoi de mieux pour profiter d'elle et prendre tout ses biens ? Mais la brunette n'avait pas le temps. Elle s'attarda même sur son regard, hésitant à avancer. Puis, sa bonne conscience ayant pris le dessus sur sa hargne, elle s'approcha de la jeune fille.

❝ Allez, ramène toi. Debout. ❞

Winter lui tendit sa petite main, prête à lui venir en aide si besoin est. Étant donné la situation, c'était préférable d'avoir ce genre de comportement avec les autres.

— we'll be able to fly —

Elle est découverte.
C’est la fin, c’est fini ! Sa cachette ne lui est plus d’aucune utilité, c’est fini… Elle va y rester, c’est sûr. Avec ces monstres qui grouillent dehors, elle va y rester.
Mais pas sans donner d’elle.

Radioactive sursaute. Elle cligne des yeux et regarde la personne en face d’elle, qui lui tend la main. Elle ne la connaît pas. Est-ce que ça compte ? Non. Ça ne compte pas, elle s’en fout. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’on lui propose de l’aide, en quelque sorte. On lui propose de s’éloigner et de se chercher un abri plus sûr, loin de cette ruelle…

Mais par où aller ?

Elle décline l’offre de la main tendue et se relève d’elle-même. Pas folle, Radioactive. Elle ne veut pas commencer par un contact. Un contact, ça veut dire s’attacher. Elle ne veut pas s’attacher. Elle chasse la peur de son cœur et regarde autour d’elle.

Oui, mais par où aller ?

« On va où ? »

Sa voix est assez calme.
Foutue adrénaline.

Se relevant toute seule, Winter remballa sa main si généreusement offerte. Ça l'irrita un peu. Mais elle la plaça alors sur sa taille pour attendre la jeune fille. Elle pointa du doigt la direction vers sa gauche.

❝ Je peux t'aider à partir d'ici, si c'est ce que tu veux. ❞

Winter clôtura alors ce court dialogue en faisant un bref mouvement de la main qui signifiait "allez viens, t'éloigne pas trop". La petite brunette se retourna alors et parti, bousculant au passage quelqu'un qui passait au même niveau qu'elle. Sans se soucier de son geste, la petite brunette chercha de plusieurs coups d'oeil son landspeeder. Elle l'avait mis ici, quelque part, mais encore fallait il se rappeler de l'endroit exact. Espérant qu'elle était suivie, elle ne se retournait cependant pas pour le vérifier. Toute seule ou accompagnée, peu importe, du moment qu'elle s'en allait d'ici.

Et il était là, à une bonne quarantaine de pas plus loin, son joli véhicule, qui lui a tant servi dans le passé pour des fuites effrénées. Elle tourna alors le regard vers la jeune fille.

❝ Monte, on dégage. ❞

Winter pris alors place sur le siège conducteur afin de démarrer. Le véhicule se mis à planer, prêt à partir. Pour sa part, elle comptais retourner dans le secteur B, en espérant qu'il allait être plus calme et à l'abri de toute cette mascarade. Restait cependant à savoir où se rendait l'autre fille.
Foutue ville.

— sun hasn't died —

Un landspeeder.
La première fois qu’elle en voit un. En vrai. Et pas sur une photo ou une autre idiotie du genre. Elle écarquille les yeux, un peu surprise. C’est trop la classe ce truc ! Radioactive est étonnée, oui. Et admirative surtout. C’est la première fois qu’elle voit un landspeedr en vrai. Et c’est aussi la première fois qu’on « l’invite » à prendre place à côté du conducteur.

Dégager ? Oh, elle se fera un plaisir. Elle n’a aucune envie de rester là plus longtemps et dès que le landspeeder se met à survoler le sol que quelques centimètres, elle saute sur le siège passager en évitant de regarder autour d’elle. Elle ne veut pas voir si un monstre est dans les parages.
Elle ne veut pas en voir, elle ne veut pas en entendre. Elle veut que tout ça s’arrête.

Elle veut chanter pour chasser la peur.

Elle regarda l’inconnue.

« … Okay bon. Tu vas où tu veux, moi, je m’en fous. Tout ce que je cherche, c’est me tirer d’ici et en vitesse. Le reste, la destination… à toi de choisir. Ça m’est égal. »

Anticiper.
Analyser les conséquences.
Plus vite elles seront toutes les deux hors du secteur C, mieux ce sera, pas vrai ?

Et elles étaient parties ! Winter commençait déjà à partir sur les routes libérées, afin de prendre un maximum de vitesse pour s'en aller. Ah, que c'était chouette de sentir toute la puissance de ce petit bijou ! Le pire, c'est que ce n'était même pas le sien... c'était plutôt un bien "partagé" entre elle et ses soeurs.
Winter regardait à l'extérieur pour observer l'état de la ville : elle ne voyait pas de monstres quelconque, pas de ravages ni de carnages. Est-ce qu'il fallait vraiment se soucier de tout ça, finalement ?

La brunette tourna la tête vers l'inconnue.

❝ Moi je pars le plus loin possible d'ici, je retourne dans le secteur B. ❞

Winter ne demanda pas l'avis de la jeune fille ; après tout, elle venait de dire qu'elle se foutais de la destination de la brunette, alors forcément, elle prit ça au pied de la lettre. De plus, vu le caractère de Winter, elle la lâchera probablement une fois arrivée à bon port. En gros, elle voulait bien servir de taxi pour le moment, parce que la situation —et surtout sa bonne conscience— l'obligeait à agir de la sorte. Mais une fois tout le monde en sécurité, inutile de s'attarder à aller prendre le thé.

Elle scruta du coin de l'oeil sa passagère, tendit que le landspeeder prenait de plus en plus de vitesse sur la route presque dégagée. Elle était mimi, surtout avec son air apeurée. Winter tourna la tête vers elle.

❝ Tu t'appelles comment ? ❞

Vu la route qu'il y avait à faire avant d'arriver à destination, ça pourrait être sympa de faire la causette, tant qu'à faire... Winter sentait déjà que le climat était tendu, alors elle voulait le relaxer un petit peu. La moindre des politesse aurait été de dire son nom en premier mais bon... Winter n'est pas polie.
Foutue manie.

— just a small-town girl —

Elle soupire un peu. Les voilà donc qui s’éloignent à bonne vitesse du secteur C. Radioactive a une légère pensée pour le bordel où elle chante. Ils se passeront bien d’elle le temps de l’invasion. De toute manière, ce n’est pas comme si elle comptait beaucoup pour le reste des gens y travaillant… Elle chante. Elle fait rentrer de l’argent. C’est tout ce qui compte, pas vrai ?
Elle essaie de ne pas y penser mais c’est plus fort qu’elle. Le chant, c’est un peu tout ce qu’elle a comme point de repère. Elle n’arrive pas à faire comme si elle s’en foutait, même l’espace de cinq secondes. C’est plus fort qu’elle, vraiment plus fort qu’elle.

Et à force d’y penser elle n’entend pas tout de suite la question de la pilote du landspeeder. Quand elle percute enfin qu’on lui parle, elle tourne la tête et regarde la brune.
Comment elle s’appelle, hein ?

« Radioactive. »

Elle ne dit pas « mais tu peux m’appeler Radon ». Elle n’a pas envie. Elle regarde le paysage défiler. Elle n’a jamais beaucoup aimé les conversations. C’est pas son élément, elle n’est pas à l’aise.
Alors elle soupire une seconde fois et redirige son regard vers la pilote.

« Et toi, comment tu t’appelles ? »

Radioactive ? C'était marrant comme prénom. Winter imaginait qu'elle s'appelait autrement. Enfin, c'était marrant, mais c'était joli aussi. Elle posa la même question en retour.

❝ Winter. ❞

Et là, ça bloquais : Winter n'était pas une grande bavarde. Elle avait plus grand chose à dire. Faire la causette n'a jamais été son fort, surtout lorsqu'il s'agissait de poser des questions. Du coup, elle ne parla pas. Elle avait laissée planer un blanc entre Radioactive et elle, mais elle continuait à conduire tranquillement, regardant encore vers l'extérieur. Toujours pas de monstres. Tant mieux. Winter n'avait pas du tout envie de voir à quoi ils ressemblaient.

Elles approchaient de la sortie de la ville à présent. Winter suivait la route du rail, pour être sûre d'arriver au secteur B. Du coup, le paysage de la ville délabrée et crade laissa place petit à petit à un désert rocailleux. Alors bon, regarder le paysage, c'était bien beau... Mais là ce blanc était plus que gênant. La brune pris la parole sans fixer Radioactive, les yeux rivés sur l'horizon. Elle posa même son coude sur le rebord du landspeeder pour reposer la tête, un air totalement décontracté.

❝ Tu faisais quoi, tout seule, là-bas ? ❞

Il valait mieux continuer la conversation, car elle aussi devait s'ennuyer comme pas possible. Winter aurait pu trouver une question moins indiscrète, c'est vrai, mais bon, c'était du Winter tout craché, ça ; aucun tact, elle s'en foutais de ça.

— but just afraid —

Elle écoute attentivement la réponse. Winter. Ce n’est pas franchement commun. Pas plus que Radioactive, pas vrai ? Elle hoche doucement la tête pour dire qu’elle a compris, que l’information est enregistrée. Ça y est. Winter fait partie de ses connaissances. Et le silence ? Ah, le silence se prolonge. Apparemment, aucune des deux n’est douée pour continuer la conversation. Surtout pas Radioactive.

Radioactive ne veut pas parler, elle veut chanter. Elle veut chanter et regarder le paysage défiler pour tromper la peur. Elle n’est pas à l’aise. Elle a besoin de chanter pour se sentir en confiance. Elle veut de nouveau se sentir elle-même. Mais elle-même, c’est quoi ? La chanteuse de bordel aux cheveux bleus vifs ?
Et puis quoi encore ?

Elle cille un peu quand la seconde question vient. Non. Winter n’a pas l’air plus douée qu’elle pour discuter avec quelqu’un. Elle s’en fout, à la limite. Elle hausse les épaules et chasse toute trace de peur dans sa voix. Radioactive ne veut pas avoir l’air faible. Il n’y a rien de pire que d’avoir l’air faible.

« Je me cachais. Ça se voyait, non ? »

Elle dit ça comme une évidence.

Elle sa cachait. Ok. C'était pas exactement le genre de réponse que Winter s'attendait à recevoir, mais bon, tant pis. Elle ne répondit pas non plus ; bien sûr que ça se voyait, c'était justement la raison pour laquelle elle se trouvait avec Winter en ce moment même, sur le siège de son landspeeder.

Puis le dialogue se coupa encore. Laissant place au bruit du vent sifflant dans les oreilles.
Ah, comme elle avait hâte de rentrer chez elle, retrouver ses frangines... Mais elle espérait cependant que le secteur B serait en revanche plus épargné par cette histoire d'alerte aux monstres. Déjà, la route allait être encore longue, et Winter était —presque— sûre de passer le reste du trajet en toute tranquillité, si ce n'est le silence qui régnait entre les deux jeunes filles...

Winter décida de continuer la conversation —du moins elle allait essayer— en tournant cette fois la tête vers Radioactive.

❝ Tu sais quelque chose sur cette histoire de monstre, ou je sais pas quoi ? T'en a... Déjà vu un ? ❞

Winter hésitait à lui demandait ❝ Et si oui, tu en a déjà combattu ? ❞ mais sincèrement, elle n'imaginait pas du tout Radioactive se battre, bien au contraire. Même si elle semblait avoir du tempérament, elle n'avait pas l'air d'une guerrière sanguinaire. Bon, la brune n'était pas non plus un gladiateur de Colisée... Mais elle s'était déjà battue, ça c'était sûr.

— i don't want to be —

Le silence, ça le gêne pas trop, d’habitude. Il faut qu’il y en ait, pour être sûre que tout le monde l’écoute chanter. Mais le silence, il ne faut pas qu’il y en ait trop non plus. S’il y en a trop, plus personne n’écoute autre chose que ce son du silence et plus personne ne fait attention à rien. Le silence assomme. C’est un fait. Le silence est gênant, le silence est pesant. Le silence n’annonce rien de bon quand il est en trop grande quantité.

Elle secoue la tête en réponse à la question de Winter. Elle n’ose pas parler tout de suite mais ce silence commence vraiment à devenir trop envahissant. Mais Radioactive, tout ce qu’elle veut, c’est chanter. Elle n’arrête pas de se le dire et de se le redire. Elle veut chanter pour que ça aille mieux dans sa tête, qu’elle puisse réfléchir et arrêter de penser à ces monstres.
Mais non. Elle ne doit pas. Elle doit apprendre à faire autre chose que chanter.

« … J’en ai jamais vu… Et je me suis jamais battue contre l’un d’eux. On dit qu’ils sont trop dangereux pour qu’on puisse en vaincre un… »

On, mais c’est qui, on ? Radioactive ne sait pas. Elle dit ce qu’elle sait, et puis c’est tout. Si elle ne sait pas elle suppose juste avant d’être sûre de sa réponse.
Et là seulement elle parle.

« … Et toi, t’en as déjà vu un ? »

Elle ne veut plus de silence.

Quand Radioactive disait qu'ils étaient dangereux, Winter voulait bien la croire. Ce n'était pas une rumeur fondée pour elle, mais il lui suffisait d'un rien à ce sujet pour savoir qu'il valait mieux rester à l'écart de ces histoires. Elle recommença à parler en regardant la route.

❝ J'en ai jamais vu non plus. ❞

Puis elle tourna à nouveau la tête vers Radioactive, mais cette fois en prenant un air plus sérieux.

❝ Mais je tiens pas à en croiser. Pas du tout. ❞

Winter se concentra sur la route, commençant un peu à zigzaguer avec le landspeeder à la vue du terrain de plus en plus brut. Elle se jeta un coup d'oeil derrière elle ; la ville était déjà loin, et elle s'éloignait à perte de vue. Elle était pas mécontente d'être enfin partie, et de s'éloigner le plus possible.
Oh et puis mince, tant pis, elle allait quand même raconter sa vie.

❝ Moi j'étais venue pour les jeux. J'aurais mieux fait de rester chez moi ; pas à cause de l'alarme, mais plutôt parce que c'était mon jour de chance. Je devrais même remercier cette foutue alerte pour m'avoir permis de ne rien perdre et me tirer en vitesse. ❞

Elle préférait passer sous silence le fait qu'elle était également partante pour chercher la bagare. Ça, ça restais également un moyen d'amasser également de l'argent, juste au cas où. Pas que ça la gênais de dire ouvertement qu'elle voulait se battre, mais seulement pour ne pas déballer toute sa vie non plus.

— it can't stop me now —

Elle l’écoute répondre à la question en hochant de temps en temps la tête. Juste une ou deux fois. Bien sûr. Bien sûr, elle comprend. Les monstres étaient censés être dans une cage au fin fond du désert, impossible de les libérer, et voilà que le bug est arrivé. Oui. Voilà. Tout ça, c’est à cause du bug. Krash ne pouvait pas être sans bug, pas vrai ? Elle soupire un peu, au final. Ces foutus monstres… Elle a bien envie de leur latter la tronche mais c’est pas en maniant ses étoiles de ninja comme un enfant manierait un cube en plastique qu’elle va s’en sortir…
Tout ce qu’elle réussirait à faire, c’est se couper, et se faire avoir.

Et puis, Radioactive se rend aussi compte que Winter a l’air assez… remontée ? En tout cas, elle parle d’une manière qui suggère qu’elle a envie de se défouler. Elle penche un peu la tête. C’est pas totalement incompréhensible. Apparemment, l’alarme lui a cassé un projet.
Nouveau soupir.

« … Ça te dérange si je chante ? »

Elle cligne un peu des yeux en demandant ça. Quand elle tourne la tête ses cheveux bleu vif lui reviennent dans la figure. Elle les écarte d’une main tremblante, nerveuse.

« … Quand j’me sens pas à l’aise, je chante. Ça m’aide à me détendre… »

Voilà, elle l’a dit.
Elle veut chanter, nom de nom.

Ce que disait Winter n'intéressait visiblement pas Radioactive. Enfin, c'était la sensation que ressentait la brunette lorsqu'elle voyait que sa passagère ne répondait pas à ses questions. Winter s'était dit que si elle avait su, elle n'aurait rien dit et elle aurait continuée à conduire sans faire de bruit. Mais c'était nul de raisonner comme ça.
Au contraire, Radioactive lui avait même demandé de chanter. De chanter, sérieusement ? Bah... Après tout pourquoi pas, ça pouvait occuper comme n'importe quelle autre chose ! Winter dévisagea d'abord la jeune fille pendant deux secondes, avant de tourner la tête.

❝ Ben... Si tu veux hein. Par contre si ça sonne faux je t'arrête tout de suite. ❞

Rien ne lui affirmait qu'elle chantait bien. Si ça se trouve, c'était une vraie casserole. Mais bon, refuser à une inconnue un truc pareil vu la situation, ça aurait été sacrément moche. Oh, Winter l'aurait fait, sans aucun problème. Elle a déjà été vache pour beaucoup moins que ça. Et pas que elle, les Seasons également. Et ce uniquement pour son plaisir ; le plaisir d'être désagréable.

En fait, elle faisait preuve d'un peu trop de gentillesse avec cette fille : elle lui proposait de l'aide pour fuir le secteur C, elle la laissait monter dans son landspeeder, elle lui proposait de l'emmener ailleurs, et maintenant elle l'autorisait même à chanter. Enfin, comme elle l'avait dit, si ça lui donnait mal au crâne, elle n'aurait qu'à lui dire d'arrêter, et puis c'est tout. Même si vu l'état de la conversation, rajouter un peu de chant ne ferais que du bien pour détendre l'atmosphère.

— to where am i now —

Elle rit un peu, doucement, en calant une main contre ses lèvres. Sonner faux ? Pas avec son expérience, non. Ou alors il faudrait qu’elle le fasse exprès. Elle ne fera pas exprès. Elle aime chanter, elle n’a absolument aucune raison de chanter faux, puisque c’est la musique qui la calme. Par contre, Winter aura le droit de l’arrêter quand même. Pas sûr qu’elle apprécie, mais bon.

Elle ne le dit pas.
Et elle ne le pense pas non plus. Elle n’a en fait pas envie qu’on l’empêche de chanter. Elle s’est déjà dévoilée devant quelqu’un, elle ne l’avait jamais fait, avant. Si en plus on doit briser sa coquille une seconde fois, elle n’est pas sûre de le prendre de la bonne manière. Elle risquerait de montrer les dents, de mordre. Mais ça ne transparaît pas sur son visage. Elle reste calme. Elle esquisse même un sourire et cherche dans sa mémoire une chanson à chanter. Une qu’elle aime beaucoup. Une qu’elle est sûre et certaine de vouloir chanter, coûte que coûte.

Une qui soit calme pour l’empêcher de repenser à la panique qu’elle a ressentie dans le secteur C.

Ses yeux s’illuminent. Elle a trouvé.

« Hello darkness my old friend, I’ve come to talk with you again. Because a vision softly creeping, left it seeds while I was sleeping. And the vision, that was planted in my brain, still remains… within the sound of silence. In restless dreams I walked alone, narrow streets of Coblestone… »

Elle continue la chanson, tranquillement.
En regardant le paysage défiler.