« Devant toi se déroule une scène bien étrange : une jeune femme, à qui tu donnerais volontiers une vingtaine d'années, possédant une visage sévère mais d'une très grande beauté, elle est vêtue d'une légère robe noire qu'elle fait vibrer à chaque fois qu'elle effectue un pas. Elle danse, tu regardes autour de toi et ne vois que le néant, elle ne danse pour toi. Elle se cambre l'échine, elle remue ses poignets, elle se fait mal spécialement pour tes beaux yeux. Cette gracieuse femme, que tu ne connais pas, ne te souris pas plus qu'elle ne te parle ni te regarde. La danseuse te semble tellement hors de portée, comme si elle venait d'un même monde .. Exactement comme Elle.

Le réveil sonne, certaines larmes s'échappent de tes yeux. Ce dont tu viens de rêver te rappelle exactement pourquoi dormir t'es nuisible mais malheureusement les ombres n'ont pas été programmées pour rester éveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. D'ailleurs, quelle heure est-t-il ? Des nombres clignotent faiblement sur le réveil. L'heure de bientôt de déjeuner mais il n'est jamais trop tard pour un café, histoire d'émerger au plus vite. Le chaud liquide amer éveille tes sens, tu abandonnes ta peine sur l'oreiller. Tu appliques d'une manière quasiment automatique ce que ton quotidien t'a appris : Tu files sous la douche, tu enfiles tes vêtements un à un et tu finis par cacher ton visage sous une couche de maquillage que certains jugeront ridicule ou simplement affreux. Une fois que tu t'estimes fin prêt, tu franchis la porte de ton nid douillet affrontant le monde extérieur la jarre sur le dos tel un aventurier prêt à aller à la chasse au trésor.

Un soleil timide caché par quelques nuages te chauffe l'épiderme malgré tout, tu te sens bien parce qu'il suffit de ne pas y penser … Ton ventre gargouille, il réclame de la nourriture et celle du secteur A, celle où on peut trouver les meilleures denrées, ne t'intéressent pas du tout. Enfin actuellement, non merci. Tu préfères aller te balader un peu plus loin : le secteur B. Tu connais bien un petit restaurant à sushis où tu sais que tu peux manger gratuit … Aujourd'hui n'est pas un jour très important, disons que tu es plus au moins en vacances comme c'est plutôt calme ces derniers temps alors tu peux bien faire une virer au quartier asiatique. Au mieux, tu trouveras peut-être du 'travail'. Tu ris doucement à cette pensée. Tu uses un peu d'argent et tu embarques dans le premier train pour ta destination voulue.

Il y avait un certain silence à l'intérieur, tu imagines alors que tu n'as pas choisis un horaire de pointe et puis il y a pas forcément grand monde du secteur A qui abandonnent leur châteaux luxueuse pour visiter des hameaux ne serait-ce que pour un temps. Ce n'est pas forcément un mal. Tu sors ta main gauche de la poche de ta veste en coton noire, tu consultes ton bracelet T.H.O.R, histoire de trouver un bon roman à lire pour faire passer le temps. Les lignes virtuelles font trémousser tes pupilles jusqu'à destination. Plutôt agréable comme roman même si tu n'as pu le finir à temps. Il faut descendre à présent. Ne pas rater cet arrêt s'il on ne veut pas avoir à faire « aux insectes » comme tu aimes les nommer.

Tu aimes bien venir au quartier asiatique parce que le décors et l'ambiance échappent à ceux de ton secteur. Un peu arriéré certes mais charmant comme endroit. Tu connais le chemin par cœur, tes baskets se frayent un chemin sur l'asphalte au travers la foule, qui parfois te regarde avec curiosité à cause de ton coté excentrique mais quasiment devenu commun sur Krash. Il n'y a que les nouveaux qui peuvent se retourner sur ton chemin mais ils finiront par s'y habituer comme les autres … Tu sens de plus en plus les bonnes odeurs de cet adorable restaurant à sushis, tu ressembles à un petit animal sauvage appâter par son péché mignon. Un peu de mal à l'avouer mais tu aimerais bien que Sohei soit de service aujourd'hui, juste pour le taquiner davantage. C'est vrai que tu avais pris un malin plaisir de le torturer mentalement d'où le fait que tu peux manger gratuit … Un petit sifflotement joyeux s'évade de ta bouche.

Tu pousses la porte avec dédain comme si tu étais maître de ce lieu, ce qui n'est nullement le cas. C'estt une façon de te montrer supérieur et que personne ici ne t'intimidera. Et tu l'aperçois, cette fille aux cheveux roux que tu considères comme étant un parasite, un cafard. Elle est assise là à côté d'un siège vide sans la moindre nourriture devant elle, juste un verre d'eau. Tu as la vague impression qu'elle t'attendait. Cette ombre répondant au nom de … « Perséphone ». Un murmure qui s'était enfuit de ta bouche. Tu ne pouvais faire marche arrière, ton envie de sushis était de plus en plus irrésistible. Ils sont tellement bons que tu peux bien essayer de supporter sa présence. Tu pris possession du fameux siège vide.

« Salut, Perséphone. » Saluas-tu. Autant prendre les devants te dis-tu. Ton maquillage de clown souriant à ta place, tu n'avais nullement l'intention d'être agréable avec elle. Tu ne comprenais même pas pourquoi elle te collait sans cesse comme un sangsue malgré ta froideur envers elle ni même pourquoi tu venais t’asseoir à ses côtés . Trois petits points en suspension trottait dans ta tête face à tant de questions dont tu ne connaîtras, sans doute, jamais la raison. »