Le paysage qui défilait, le souffle rythmée par les vagues tumultueuses de la mer, les foulées qui augmentaient à chaque pas. Une mer qui s'étendait à perte de vue, sur du sables qui étaient encore humides de la dernière marée haute. C'était vraiment un paysage idyllique.


Mais vous l'aurez bien deviné, Sohei faisait un jogging les pieds dans l'eau. Une envie de se défouler surement, parce que ce n'était pas le passe-temps préféré de notre jeune-homme. Cela fait quarante minutes qu'il courait sans but sur la plage, un regard froid et un visage sans expression. Sa ne changeait pas de d'habitudes vous direz, mais cette fois ce n'était pas normal, Sohei respire la haine, la rage. Qu'est ce qui aurait bien pu provoquer ça ? Même lui ne le savait pas.


Cela faisait une heure maintenant que Sohei courait, mais il ne s'arrêtait pas, la fatigue commença à se faire ressentir, la respiration n'était plus régulière, ni sa foulée. Il sentait plus ses jambes, son regard commençait à se troubler. Mais le jeune-inconscient continuait à courir, on avait l'impression qu'il voulait se prouver quelque chose. La seule chose qu'il allait gagner c'est de tomber dans les pommes s'il continuait ainsi. Sohei non loin d'être imbécile s'arrêta à la buvette en amont de la plage. Il avait beaucoup côtoyé cet endroit, c'était vraiment un lieu auquel il tenait. Surtout grâce à une personne, oui Sohei avait déjà passer son temps libre avec une personne et il tenait beaucoup à elle. C'était sa promise, mais elle n'était plus. Cette ombre s'était éteinte. C'est le « destin des rebelles », c'était ce qu'avait dit le bourreau qui lui avait enlevée sa vie il y a maintenant deux mois. Sohei se rappelait encore de la beauté de cette ombre. Elle était brune aux yeux bleu, de taille moyenne et toujours le sourire à la lèvre. C'était la première personne qui avait su s'attacher à notre jeune-homme. Elle n'avait pas peur de lui, elle l'aimait comme il l'était. C'était un rêve, leurs rêves, mais il se finis trop vite, beaucoup trop vite. Lors d'une mission rebelle, elle se fit repérée et abattre une semaine plus tard devant un Sohei qui ne savait pas quoi faire pour défendre son amour. Cela marqua notre ombre au plus profond de son âme, depuis ce jour, il ne dort plus et pense qu'à elle. Sohei n'avait pas pu s'empêcher de dire le prénom de cette ombre à haute voix.


« Sarah »


Les doigts qui se crispaient la respiration qui était encore forte du à l'effort mais elle s'intensifiait. C'était peut-être elle, la raison qui faisait que Sohei était dans cet état là aujourd'hui. Après s'être posée au bar de la buvette il commanda une boisson au chef.


« Un alcool fort et de l'eau s'il vous plait »


C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour oublier la jeune-ombre, boire. Est-ce que Sohei retrouvera une personne avec qui il pourrait partager des moments de bonheur. Il ne le savait pas, mais tout ce qu'il savait , c'est qu'il a besoin de quelqu'un pour le sortir de cette haine, cette rancoeur vis-à-vis de ce monde auquel il appartient. Il avait déjà pensé à être rebelle pour venger Sarah, mais il savait quand faisant ça, la seule chose qu'il trouverait serait la mort. C'est pour ça qu'il s'était résigné à être une personne « neutre ». Au moins comme cela, on le laisserait tranquille, mais en choisissant cette vie, il n'arrivera pas à venger celle qui aimait.

useless

RAM roule des yeux et ramène ses ondulations blondes sur son épaule gauche. En face d'elle, la mer. Cette fausse mer de pixels qui lèche, qui rampe, qui se traîne sur ce faux sable de pixels. Ce n'est pas la mer. Ce n'est pas la mer, elle le sait. Elle ne la reconnaît pas. Et pourtant, quand elle habitait encore en Amérique, elle la voyait souvent. Tous les jours, même. Ça lui rappelle sa soeur qui partait en riant, dans ses bikinis colorés, les cheveux remontés en une haute queue de cheval. Elle hausse les épaules. Ce n'est ni l'endroit ni même le moment d'être terrassée par les sentiments et les souvenirs flous et difformes. Elle, elle attend quelqu'un. Pas un ami ni même un amoureux potentiel. Light n'est même pas au courant de sa présence sur la plage. Il pense qu'elle est au hangar. Dans ce vieil hangar miteux qui lui sert de bureau. Même si ce n'est pas chic et glamour, elle y est bien. Elle perd son stoïcisme dans un petit sourire béat. La fois où il l'avait invitée au bar à sushis en guise de remerciement, elle avait du le repêcher sur le sable après qu'il ait pété les plombs sur un client bruyant et dégueulasse. Au final, il l'avait ramené chez elle. Et c'est tout.

Elle observe la mer et cette mer la dégoûte. Ce n'est pas la mer. Elle pourrait perdre pied et crier à qui voudrait l'entendre que ce n'est pas la mer, que la mer, ce n'est pas ça. La mer, c'est plus vivant, plus joyeux. Avec les passants qui assaillent les bancs, des crèmes glacées dégoulinantes en mains ; avec les enfants qui crient dans l'eau, qui ramènent des bêtes à leurs mères et qui rigolent en s'aspergeant avec leurs pères ; avec les chiens qui courent dans l'eau pour un bâton ; avec les mouettes qui rôdent. Ici, ce n'est pas la mer. Il n'y a ni enfants, ni parents, ni mouettes et crustacés. Et ça la frustre. Elle fronce les sourcils et remonte la lanière de son sac. Allons. Il n'y a pas de quoi crier pour une mer de pixels.

Puisque l'eau a l'art et la manière de l'insupporter, elle rentre dans le bar. Elle ne sait pas ce qu'elle fait là mais elle y est. Elle jette un coup d'oeil circulaire aux personnes présentes et sans plus de cérémonie, elle s'en va s'asseoir dans un coin du bar. Elle sort un dossier et se cale contre le dossier du tabouret haut. Et quand le gars vient lui demander en roucoulant ce qu'une si jolie jeune fille désire boire, elle désire juste un café. Elle surveille la préparation de sa boisson, les yeux au-dessus de son dossier. Il ne s'agirait pas d'être droguée par un vieux dégueulasse en manque de sexe.

Elle sourit en imaginant la réaction de Light s'il apprenait qu'elle s'était faite draguer. Même si pour le moment, ce n'était pas vraiment le cas. Sauf si elle pouvait compter le clin d'oeil bizarre du barman. Elle arque un sourcil, pour bien lui faire voir que non, elle n'en a rien à foutre. Il ne doit pas avoir compris mais il se détourne pour servir un autre client venant juste d'arriver. Elle n'avait pas l'intention d'intervenir dans la commande du garçon même si elle doutait que boire de l'alcool après un effort physique était vivement... Déconseillé. En fait, elle s'en foutait un peu. Tout ce qui l'intéressait, c'était le rapport qu'elle devait lire en attendant son rendez-vous qui, d'après son intuition, avait complètement oublié l'heure, la date et peut-être même le lieu. Rose-Ann Morris détestait attendre.

Elle repose ses feuilles après un moment sur un endroit du comptoir qui n'avait pas l'air trop dégoûtant pour attraper sa tasse de café. Elle y trempe ses lèvres et une grimace se dessine sur ses lèvres. C'est que le café est dégueulasse, ici.