scream

Dès qu’elle avait entendu l’alarme, elle avait filé. Mais pas dans le bon sens. Elle, elle avait des trucs à faire. Une longue liste où le mot « s'enfuir » n'avait pas sa place. Elle ne faisait pas ça pour le plaisir de pouvoir cocher « fait » sur un morceau de papier. Elle faisait ça parce que c'était la panique totale dans Krash, que l'alarme sonnait encore et que le peuple remontait vers les autres secteurs. Elle aurait peut-être dû se mettre à l'abri. Elle n'en avait tout bonnement pas l'intention.

Elle faisait partie du Conseil. On avait besoin d'elle, non ? Même si elle ne savait pas se battre, même si Straw ne servait pas à grand chose, on avait besoin d'elle. Pour taper en vitesse sur le clavier. Peut-être pour calmer les gens. Elle espérait que le café serait fait. Encore une fois, ce n'était qu'un espoir.

Ce que c'était compliqué que de courir – et même d'avancer – quand des nuées de personnes arrivaient par devant. Elle n'était pas dans le bon sens. Mais c'était le cadet de ses soucis, avouons-le. Tout ce qui pouvait l'intéresser, c'était de rejoindre le repère.

Le marché noir. Un endroit qui, en plus d’être peu fréquentable, était dangereux. Rebelles, trafiquants, malfrats… Autant dire que le risque de se faire repérer était beaucoup plus important. Mais Leanne n’avait pas le choix : elle devait retrouver son futur « client » parmi toute cette canaille. Une tâche qui s'annonçait difficile puisqu'elle ne connaissait pas les lieux. Son itinéraire commençait à partir d'une place centrale, qu'elle ne trouvait pas. Et c'était sans compter cet alarme qui avait provoqué une atmosphère de panique et empêchait la jeune adulte de progresser aisément. Elle ne savait d'ailleurs pas pourquoi elle avait été enclenchée, ou déclenchée, mais peu importe.

C'était donc à contre-sens qu'elle tentait de passer à travers la foule. Bousculée, poussée, écrasée, étouffée, elle estima que lorsqu'elle en aurait fini, elle aurait bien mérité un bon moment au spa du secteur A.

Longeant les stands des marchands, elle essaya de se repérer. C'était peine perdue. Tout ce qu'elle voyait c'était cet amas de personnes en train de crier et de courir dans tous les sens. Et rien qui ne ressemblait à une place. Et d'ailleurs, qu'entendait-il par place ? Parce que si tout était aussi différent entre les deux secteurs, pourquoi les places ne seraient-elles pas différentes aussi ?

Ca ne servait donc à rien de continuer. Pour un pas en avant, elle reculait de deux. Sa patience avait des limites. Et celui qui l'avait contactée avait sûrement fui lui aussi, et comme elle n'avait pas de moyens pour le contacter et vérifier... Oh et puis tant pis ! Il la recontactera sûrement. Elle fit demi-tour brusquement. Aïe. Chose fatale. Elle heurta quelqu'un. Ne surtout pas paniquer. Sinon elle perdrait le contrôle de son don. Et avec tout ce monde autour, c'était un mal de tête assuré ! Tout en se demandant si elle avait pu être prise en filature, elle sortit naturellement :

« Je suis vraiment désolée ! »

Tatatalalala~ ! Il y a du grabuge dans Krash ! C'est un Jeras qui est réveillé en sursaut après avoir nourri une bande de jukie toute la nuit précédente. Des monstres qui rentrent en ville ? Mais qu'est-ce qui pouvait bien passer par la tête de la reine ... Des fois je me demande si elle n'est pas complètement folle maugréa Jeras.

Il se décida d'aller jeter un coup d'oeil au marché noir, pourquoi ? En période de panique il est plus facile de corrompre les gens et de leur vendre du bonheur, le genre de bonheur que seul les crocs de Jeras peuvent répandre ... Il s'habilla donc avant de partir en direction du secteur le plus exposé. Sur le chemin il se souvînt qu'un délicieux bar à pâtes se trouvait près du marché noir et qu'il pourrait y faire un détour pour se restaurer.

Donc une fois descendu du train son objectif consistait à contenter son estomac puis sa curiosité et son business, sauf qu'au moment de tourner il percuta quelqu'un, en même temps vu la foule d'excité qui grouillait dans les rues. La demoiselle qui pensait lui avoir rentrée dedans s'excusa, il posa négligement ses mains sur ses épaules avant de plonger son regard et de lui sourire avec ce rictus si spécial dont lui seul tenait le secret.

- C'est moi qui suit désolé, enfin c'est surtout la faute de ces brutes. Moi c'est Jeras et toi ?

shout

Rejoindre le repère, qui était une chose si aisée quand les rues étaient calmes, s'avérait être une tâche plus difficile en période de crise. Car c'était une période de crise, pas vrai ? La foule en désordre, les cris, les pleurs. Les gens qui se pressent, les courageux qui pensent se battre et se mettre en valeur. Elle n'avait pas le temps de calmer tout le monde. Et ce n'était pas à elle de faire ça. Elle devait être au garde à vous, dans le repère, prêtre à accepter sans broncher les ordres de Lestat et à recueillir les témoignages des gens. Et si elle doit faire du café, elle en fera.

Et là, une vague. Une vague, comme à la mer. Une vague humaine qui la pousse contre les autres. Les autres sur lesquels elle s'écrase. Les autres, c'est-à-dire un garçon et une fille. Un grand garçon et une petite fille. Tous les deux bruns. En fait, les détails, elle s'en fout. Sa main se porte instinctivement à Straw, son pistolet, accroché à sa ceinture. Juste pour être sûre qu'il n'est pas tombé, que personne ne lui a pris dans la mêlée. Après, elle regarde les gens, parce qu'elle vient quand même de leur rentrer dedans, en fait.

RAM – ... Pardon.

Elle marmonne. Elle est un peu à la bourre et c'est la panique. Est-ce vraiment le bon moment pour s'excuser et tailler une bavette ?

Elle leva la tête, un peu trop même. La personne qu'elle avait bousculé était bien plus grande qu'elle. Puis elle réalisa que c'était un homme. Peut-être le « client » ? Impossible. De toute façon elle n'avait aucun moyen de le vérifier. Et pendant qu'elle y réfléchissait, ce dernier la saisit par les épaules. Il la regarda droit dans les yeux et s'excusa à son tour, tout en accusant les autres passants.

« Moi c'est Jeras et toi ? »

Au moins, c'était direct. Mais si la miss était en proie à une légère panique, elle savait parfaitement contrôler ce genre de situation. C'est aussi pourquoi, sans la moindre hésitation, elle répondit sur un ton innocent : « Leanne ». Elle n'aimait pas le donner. Mais au moins, lorsqu'on l'interpellait par son réel pseudo, elle savait comment réagir en étant sur le qui-vive. Pas trop confiante, elle entreprit de se dégager doucement des mains de ce... Jeras. Un nom étrange, mais bon, elle en avait l'habitude maintenant. Krash n'était pas vraiment le genre d'endroit normal après tout. Bref, elle voulait retourner chez elle, et même s'il n'avait pas l'air méchant :

« Je suis encore désolée de m'excuser mais je dois ... »

Et paf! Propulser en avant, contre Jeras, encore une fois. Avec un grognement en prime. C'était douloureux, en une seconde, de se prendre deux coups dans la tête. Le plus douloureux c'était la migraine qui commençait à arriver. Apparemment elle était encore plus fatiguée qu'elle ne le pensait... Elle remarqua alors qu'elle était toujours contre le garçon. Elle s'écarta brusquement, gênée. Elle faisait maintenant face à l'autre personne. Plus grande qu'elle, blonde, la femme qui se tenait devant elle avait tout d'une wonder-woman. Et puis elle s'excusa. Décidément, cette situation tournait à la dérision...

Et là voilà, en plein milieu du marché noir, noyée dans la foule, avec deux personnes totalement inconnues. Dans quoi c'était-elle encore embarquée ? Et cette alarme qui continuait de sonner, à lui en donner mal à la tête... Mais d'ailleurs ! Des deux personnes avec qui elle se trouvait, l'une devait bien avoir une réponse à sa question. Tant pis si elle se faisait griller, remarquer, juger.

« Hum, excusez-moi, pourquoi y'a-t-il une alarme ? »

Des moutons affolés par des loups dans la bergerie. Et ça continuait de courir dans tous les sens ... Ridicule, surtout qu'il ne risquait pas grand chose, quoi que si Alice était mal lunée ce serait problématique ... Et tous ces gens ne peuvent pas se taire, un vrai capharnaüm ici, pire que dans sa boîte lors des soirées les plus prisées, c'est à dire presque toute.

Il rattrappa la demoiselle qui venait encore de se faire rentrer dedans par des olibrius dépourvus de classe et de bonnes manières, il la regarda et entendu son nom. Ça ne lui disait vraiment rien, tant pis, c'est là qu'il remarqua une charmante blonde, charmante blonde qui avait sa main sur sa hanche, plus précisément sa ceinture, ce n'était définitivement pas pour une séance de mannequinat se doutait Jeras. Il se décida à bouger en attrapant par le bras les deux demoiselles, pour ne plus être sur le passage de la horde sauvage.

- Ne soyez pas confuse vous deux, il n'y a aucun problème, si ce n'est notre bonne reine qui s'amuse. Il faut croire qu'elle avait peur que les alarmes rouillent.

cry

Elle se masse le crâne et pourtant, c'est ses bras qui souffrent. Elle se masse le crâne parce qu'elle ne supporte tout simplement pas l'agitation, les cris, les larmes, les gens qui se poussent. Elle n'aime pas courir. Elle n'aime pas être poussée. Elle n'aime pas la foule. Les missions de terrain, ce n'est pas pour elle.

Leanne – Hum, excusez-moi, pourquoi y'a-t-il une alarme ?

Elle ouvre la bouche, pour répondre, mais l'homme qui maintient la jeune fille venant de parler attrape son bras. Est-ce vraiment le lieu et l'instant que de faire un brin de causette ? Pour elle, non. Mais l'homme se méprenait. Et la fille ne savait rien.

Jeras – Ne soyez pas confuse vous deux, il n'y a aucun problème, si ce n'est notre bonne reine qui s'amuse. Il faut croire qu'elle avait peur que les alarmes rouillent.

Elle secoue la tête de droite à gauche, de gauche à droite. Ils n'y sont pas du tout. Il faut croire que les rumeurs ne circulent pas assez vite quand il y a trop d'agitation. Elle relève les yeux, les regarde. D'abord la fille, puis le garçon ; Le garçon et enfin la fille. Elle ne sait plus où donner de la tête. Ses oreilles partent à la recherche de ce que les gens crient, se racontent dans la rue. Elle ferme les yeux, fort et quand elle les rouvre, elle se concentre sur le visage des personnes qu'elle a bousculé.

RAM – Ce n'est pas. Ce n'est pas Alice.

Elle n'a pas pour habitude de défendre la reine folle. Ce serait le comble pour une rebelle. Mais là, ce n'était pas elle.

RAM – Je ne sais pas grand chose, je viens de recevoir un message. Ce sont des montres venant du désert.

C'est tout.